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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 09:24

Vendredi 11 juin 2010

Mesdames, Messieurs,

 

Je souhaite revenir sur les directives, récemment rendues publiques, de Monsieur Luc Chatel, Ministre de l’Education Nationale, adressées aux Recteurs et Inspecteurs d’Académie.

 

Permettez-moi de vous indiquer que je trouve ces consignes très alarmantes. Elles ont d’ailleurs provoqué, dès leur parution, de vives réactions de la part de la communauté éducative.

 

 

  • S’agissant de l’augmentation de la taille des classes dans le 1er degré et au collège

 

Les études récemment menées démontreraient, pour le 1er degré, que « la diminution des effectifs dans les classes n’a pas d’effet avéré sur les résultats des élèves ».

 

On ne peut pas, non plus démontrer, que l’augmentation d’effectifs a un effet positif.

 

Par contre, nous connaissons les difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants dans les classes surchargées !

 

L’augmentation de 1 élève par classe devrait donc se traduire, en théorie et au niveau national, par une économie de 10 000 classes, pour le 1er degré.

 

On préfère donc réaliser des économies, au risque de nuire à la qualité d’enseignement.

 

La réduction ou le maintien de la taille des classes serait, cependant, réservé aux secteurs relevant de l’éducation prioritaire.

 

Il s’agit d’enlever des moyens aux secteurs considérés comme non prioritaires au bénéfice des secteurs relevant de l’éducation prioritaire au lieu de maintenir ces moyens pour les premiers et d’affecter des moyens supplémentaires aux  seconds.

 

 

  • Concernant la scolarisation des enfants de deux ans

 

Il conviendrait de « mesurer les gains en emplois qui peuvent être générés par une baisse de la scolarisation à deux ans » […], les études disponibles ne démontrant pas que la scolarisation à deux ans constitue un avantage évident dans toutes les situations par rapport à d’autres modes de garde alternatifs. 

 

La scolarisation précoce des enfants est ainsi comparée à un simple mode de garde !

 

Elle est, pourtant, majoritairement considérée comme positive, notamment dans les zones prioritaires.

En outre, en préconisant la fermeture des sections des enfants de deux ans avec en ligne de mire celles des enfants de trois ans, le gouvernement s’assure d’une économie dont la charge sera portée, une fois de plus, par les collectivités et/ou les familles.

 

Enfin, avec le décret sur l’accueil des enfants de moins de six ans,  publié le 8 juin dernier, il s’agit d’une remise en question totale de l’avenir de l’école maternelle, alors que celle-ci nous est enviée par de nombreux pays voisins en raison de son rôle pédagogique, fondamental !

 

 

  • Concernant le remplacement des enseignants

 

Dans le 1er degré, les académies ont pour consigne « d’explorer une voie qui consiste à organiser tout ou partie des sessions de formation continue en dehors des pics d’absence (automne et printemps) ou mieux, en dehors du temps scolaire (mercredi après-midi et pendant les vacances scolaires). »

 

L’optimisation du coût en emplois du remplacement doit être recherchée aussi bien pour le 2nd degré que pour le 1er, avec pour ce dernier « le recours à des non titulaires en substitution à des titulaires pour assurer une part du remplacement, les non titulaires présentant une ressource plus flexible dont le rendement est proche de 100 %. »

 

Il s’agit bien là d’entreprendre une logique globale de rentabilité. L’enseignement  est ainsi réduit à la notion de flexibilité. On parle de ressources en oubliant qu’il s’agit de ressources humaines et que ces personnes ont pour mission d’assurer l’éducation de nos enfants !

 

 

  • Autre mesure qui provoque la stupéfaction : la sédentarisation des enseignants « hors la classe »

 

A la lecture de l’exposé des motifs, on s’aperçoit que les deux heures d’aide personnalisée – pour lesquelles il faut se souvenir du contexte, à savoir la volonté de supprimer le samedi matin, mesure contestable et aujourd’hui encore contestée – représentent l’équivalent de 16 000 postes d’enseignants.

 

On oublie de dire que cette mesure a diminué de 2 h par semaine le service public d’éducation nationale pour TOUS.

 

La contribution des enseignants spécialisés RASED doit  donc, dans ce nouveau contexte, évoluer.

 

Ou comment remettre en question l’avenir des RASED et envisager en douceur leur suppression ?

 

L’extinction des psychologues scolaires est de même envisagée !

 

Il est également demandé aux Inspecteurs d’examiner l’activité des conseillers pédagogiques et leur productivité

 

Une fois de plus les termes et les objectifs poursuivis sont ceux d’une économie de marché et non ceux que l’on est en droit d’attendre dans le cadre d’un service public fondamental.

 

En ce qui concerne l’évolution du réseau des établissements, cette mesure doit conduire à la fermeture des petits établissements, au sein desquels la qualité de formation serait moindre !

 

 

 

La concertation avec les collectivités territoriales, dans ce cadre, est primordiale. Elle ne peut se cantonner au simple dialogue et doit aller bien au-delà des spécificités propres à chaque académie, comme indiqué par le Ministre. L’Etat ne peut décider seul du sort des établissements de petite taille. Les collectivités territoriales doivent être associées pour lutter contre leur fermeture.

 

Le Ministre envisage, en outre, la réduction du volume des décharges dans le 2nd degré alors que celles-ci sont essentielles pour permettre la réalisation de soutien scolaire, de chorale ou de coordination disciplinaire ; ainsi qu’un état des lieux sur les Itinéraires De Découverte qui contribuent aux acquisitions du socle commun, dont la méthodologie laisse perplexe.

 

Cette méthode qui invite les Inspecteurs à la recherche systématique « d’optimisation », et ce à tous les niveaux, dans le but de permettre au gouvernement d’actionner l’ensemble des leviers justifiant la suppression d’un maximum de postes d’enseignants, répondant ainsi à la volonté présidentielle : le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, est scandaleuse.

 

Le fait de mettre en avant des analyses présentées comme des vérités avérées alors que de nombreuses autres études montrent le contraire ou ouvrent tout ou moins le débat, s’apparente à de la malhonnêteté intellectuelle.

 

En outre, alors qu’il prône l’égalité des chances, l’Etat applique une vision purement comptable au détriment de la qualité d’enseignement. Il considère l’école comme un système de « production » soumis à une rationalité économique standardisée.

 

En détruisant le service d’éducation nationale, l’Etat laisse ainsi le champ libre à un système privé et marchand avec pour objectif la rentabilité, au lieu d’engager un débat national sur le service public d’éducation que mérite notre pays.

 

Nous sommes très loin de la défense de l’école publique et d’un système éducatif pour tous !

 

   

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